[Focus sur] Squidji : un potentiel qui explose enfin

Un talent montant en puissance et une équipe d’Avengers chevronnés : voici l’équation simple ayant abouti à la consécration de Squidji

Grâce à son premier album Ocytocine , le jeune prodige a confirmé ce que ses fans savaient déjà, à savoir un sens inné de la mélodie, une habileté sans pareille pour décortiquer et imager ses relations amoureuses, et enfin une ambition revendiquée, pouvant surprendre.

Dans le cadre d’une discussion qu’on a pu avoir avec l’artiste, nous sommes d’abord revenu avec lui sur la formidable équipe réunie pour composer Ocytocine et croiser le micro avec Squidji. Quand on s’intéresse aux morceaux, on remarque en effet que des mastodontes du rap français sont de sortie, à commencer par Ikaz Boi, compositeur fétiche de Damso, ou encore les talentueuses artistes que sont Lala&Ce et Lous and The Yakuza.

Selon Squidji, ce qui a rassemblé toutes ces icônes du rap francophone a été l’idée de « faire de la musique ». Le rappeur poursuit : « On est tous là pour la même chose. On ne se connaissait pas, mais l’alchimie s’est faite à Fréjus lors du premier séminaire avec les producteurs ».

Bien que cette passion commune pour la musique et ses variations les a réunit, Squidji me confie également que son changement de stature a permis à ces connexions d’aboutir. Il le prouve lorsqu’il me dit : « J’étais chez Believe, en distribution, un peu livré à moi même. J’ai kiffé être là bas, après je suis arrivé à un moment où je voulais qu’on investisse en moi, qu’on croit en moi, car personnellement je crois en ma musique. Donc, là, je suis chez Sony, ils s’occupent bien de moi, ça donne envie de faire du sale ».

Mais si le jeune artiste de 23 ans a voulu concrétiser un projet d’ampleur avec Ocytocine, il n’en a pas pour ayant délaissé le public l’ayant fait connaitre avec des titres comme Doudou partie 1. Sa fanbase est bien sûr au centre de sa carrière d’artiste, mais il assume aussi les objectifs de parfois changer de recette dans ses sons : « Maintenant, je ne veux faire que du nouveau, me renouveler, faire ce que je n’ai jamais fait : des prises de risque. Par exemple, avec Stripper j’ai eu grave peur, j’ai redouté ce moment de confrontation. »


Toujours porté sur l’amour, abordé à travers une relation imagée avec une strippeuse tout au long de l’album, Squidji dépeint avec brio et sincérité les aléas d’une relation, ce qui le conduit à s’interroger sur lui-même et sur les autres, notamment grâce à des morceaux comme  Insta, A.M.O.U.R ou Respirer .

Mais là où le génie d’un artiste s’exprime, c’est lorsqu’il nous pousse à nous interroger nous mêmes, à nous impliquer dans les thèmes qu’il narre et qu’il chante. Ce fut notamment le cas sur Cicatrices, collaboration avec Lous and the Yakuza qui est, selon moi, un chef-d’œuvre. Pour ce morceau si délicat à construire, traitant des violences faites aux femmes de façon indirecte, l’artiste a fait appel avant de le sortir à une journaliste féministe. Il me l’explicite en déclarant notamment : « On ne rentre pas dans les détails volontairement. Pour moi, ce que je voyais dans le son, c’était Lous. C’est une porte parole de qualité pour ces thèmes, moi je n’ai rien vécu de tout ça, je ne peux pas comprendre ce que certaines femmes ont enduré. Il me fallait ne pas utiliser des trucs que je n’ai jamais vécu. »

Le duo formé par ces deux artistes, emplis d’une belle sensibilité, permet au rap français de découvrir une nouvelle possibilité : aborder la douleur dans la douceur. Cette technique, Squidji l’a bien assimilé. Cependant, le rappeur réfute toute étiquette liée à ces thèmes dits engagés, il veut pouvoir rester libre de créer et d’écrire, en déclarant par exemple : « Je ne veux pas faire de rap conscient, je veux juste pointer du doigt et porter un message ; tout le monde peut le faire, mais doit veiller à le faire bien. »

Ocytocine constitue une réelle nouveauté dans un rap français sans cesse poussé à se challenger. Ce projet propose une histoire auditive imagée et créée entièrement par l’équipe de Squidji. Un peu à la façon de Laylow et de son Trinity : ici les interludes sont insérées parfaitement dans le déroulé de l’histoire, et nous permettent de mieux appréhender les protagonistes : Squidji, la strippeuse et un tiers.

L’artiste revendique ces prises de risque lorsqu’il confie : « C’était important pour moi de créer et incarner le projet autant dans les interludes que dans les sons. Les interludes font vraiment vivre le projet, le fait qu’il y ait des voix, qu’on sache à quel moment je suis, où je suis : dans une voiture, dans un club, etc. » : un moyen de plonger dans une histoire qui nous dépasse, mais en se l’appropriant totalement

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