[Interview] Damlif, le masque et la plume

Un nouvel EP, un Boule Noire en préparation et du bon goût : il ne nous en fallait pas plus pour interroger Damlif sur sa musique, riche et prometteuse.

Chez LREF, on n’avait encore jamais eu l’occasion de parler de Damlif, rappeur que l’on apprécie pourtant énormément. Une erreur ? sans doute. Personne n’est parfait. Pourtant, si on était un critique musical quarantenaire, on mettrait en avant à quel point ça nous parle, ce rap débarrassé des contraintes de la masculinité et de l’appartenance au rap « pur et dur ». Mais quand c’est fait aussi naturellement, inutile de le souligner.  

Mais comme l’univers est bien fait, on a pu rattraper notre erreur. Après Marcelle en 2022, Damlif sort ainsi son nouveau projet le 14 avril, Maison à l’aide. Qui plus est, il le défendra à la Boule Noire le 4 mai, pour une release party à laquelle on l’attend impatiemment. Pour en parler avec le principal intéressé, on s’est donné rendez-vous dans le XXème. Au programme ? Un thé, un chocolat chaud, de la douceur et de l’introspection. Et une plume décidément instinctive et impressionnante.

Le tournant esthétique de Marcelle et Maison à l’aide

D’un point de vue extérieur, la carrière de Damlif semble suivre une trajectoire classique et ascendante. Maison à l’aide est – déjà – son quatrième projet, bien que les deux premiers (Désert lunaire et I, who dreamed) soient davantage des premiers jets que des œuvres définitives. Depuis Marcelle, il reçoit de plus en plus d’attention, et pas simplement dans les médias spécialisés. A l’approche de la sortie de Maison à l’aide, le nombre d’écoutes du rappeur monte logiquement et constamment. Cela, sans évoquer le fait que sa date à la Boule Noire sera son premier concert pleinement à lui. Mais quand on lui parle de cette trajectoire, l’homme n’est pas exactement de cet avis.

« Je n’ai pas un sentiment d’ancienneté par rapport au fait d’avoir j’ai fait 4 projets, parce que les deux premiers, je n’avais que 17 et 18 ans », nous rappelle-t-il. « Même s’il y avait une volonté de faire quelque chose de sérieux, ça ne l’était pas. Au-delà de l’aspect professionnel, ce n’était pas très sérieux artistiquement. J’étais juste un rappeur qui allait en studio. Il n’y avait pas de distinction précise entre ce que je faisais dans la rue et au studio. Il n’y avait pas une démarche artistique particulièrement intéressant là-dedans ».

Après avoir précisé qu’il écrivait « depuis 15-16 ans, entre la troisième et la seconde », Il ajoute : « en fait je ne sais pas… J’ai un rapport assez particulier avec ces premiers projets. Ceux qui aiment Désert lunaire par exemple, ils sont environ 12 [rires]. Donc ils ont forcément une place toute particulière dans mon cœur ».

Le tournant s’est donc fait avec Marcelle : écriture plus personnelle et réflechie, changement dans les compositions… C’est tout une nouvelle patine apposée à sa musique. A ce titre, quand on lui demande comment tout cela s’est autant métamorphosée, on doit bien admettre qu’il a su déjouer nos attentes.

« Sur l’écriture, [son évolution] est assez linéaire. A mon sens, c’est juste s’améliorer et comprendre ce que j’aime dans l’écriture. C’est l’histoire classique du rappeur qui aime d’abord la technique, et qui apprend à « écrire » par la suite quoi. Pour la forme, c’est simplement qu’après mes premiers projets et pour des raisons différentes, les gens avec qui je composais ont arrêté de faire du son. Moi je touchais pas du tout aux compositions ou aux prods. Je me suis donc retrouvé à devoir faire de la musique un peu tout seul. J’ai dû improviser. Et c’est pour ça qu’il y a un gap entre I, who dreamed et Marcelle. Et puis y’a la maturité : le gap, c’est moi qui ai appris à composer en attendant d’aimer ce que je compose. D’où le fait que I, who dreamed est sorti en 2018 et Marcelle en 2022.

Au final, cette affaire de cohérence et de couleur musicale à partir de Marcelle vient de là. J’ai laissé le projet mûrir, et j’ai pris le temps d’être plus cohérent dans mes choix de compositions. Parce qu’évidemment, quand tu n’as pas de beatmaker à toi, ou que ce n’est pas toi le beatmaker principal, ça n’aide pas à avoir une patte. Maintenant que je suis impliqué dans la composition, ça fait un projet plus cohérent, c’est évident ».

« L’écriture pour moi, c’est un total mystère »

En tant qu’amateurs de belles plumes, on a évidemment cherché à en savoir davantage sur ses techniques de perfectionnement de son écriture. Or, lorsqu’on lui demande comment il fait pour l’améliorer autant, il nous répond ceci : « Je ne sais pas. L’écriture pour moi, c’est un total mystère. Là je n’ai pas de réponse ». Après réflexion, il précise : « le procédé d’écriture, c’est juste : faire confiance à mon bon goût. Il faut que je me dise que je n’ai pas mauvais goût, et qu’un truc que j’écris que je trouve cool… est cool. C’est un peu une supercherie au final, parce que tout ce que je fais quand j’écris, c’est essayer de trouver des trucs cool à dire. Y’a pas de moment où je me dis « là j’ai envie de transmettre telle émotion, là j’ai envie de dire tel truc ». J’essaie juste de trouver des trucs cool à dire. Et après, si je trouve un truc très cool à dire, je vais le dire plusieurs fois dans l’album, les gens vont trouver qu’il y a un thème qui se dégage etc [ndlr : mea culpa] ».

En plus de sa plume, ce qui marque chez Damlif, c’est la douceur de sa musique. Et là-dessus, il est en accord avec ce constat : « par contre, sur le fait que les projets soient plus doux, c’est sûr. Quand je fais I, who dreamed, j’ai juste envie d’être un chaud rappeur. Donc forcément ça parle de choses plus lambda – même s’il y a des choses personnelles. Dans les flow c’est plus lambda, dans les prods c’est plus lambda. Mais il s’est passé un truc, c’est que pour cet album j’ai fait mes premières scènes – des co-plateaux, des petits passages etc. Et je me suis rendu compte que ça me gênais énormément de faire des morceaux turn up, parce que j’avais pas l’instinct de faire sauter les gens, de leur envoyer la bonne énergie. A ce moment-là, il y a malaise dans la salle et sur scène tu le ressens. Pendant le refrain, les gens sautaient sur deux mesures et arrêtaient après, ça n’allait pas.

Et aussi, en tant que spectateur, je n’aime pas les pogos. Et a priori, j’aime ma musique en tant qu’auditeur, donc j’essaie de faire des choses qui me plaisent, et qui, en théorie, plairont à des gens comme moi – des gens qui n’aiment pas forcément les pogos. Je veux faire en sorte que ceux qui écoutent ma musique et viennent à mes concerts ne soient pas coincés là-dedans. C’était une vraie volonté consciente entre I, who dreamed et Marcelle de faire une musique plus calme. Pour que sur scène, je puisse la défendre sans faire sauter les gens. Comme pour n’importe quel concert de chanteur ou de chanteuse : juste, en écoutant, en dansant, mais sans pogos ».

Marcelle entre en scène

Puisqu’on parlait concert, on en a profité pour lui demander comment il préparait sa date à la Boule Noire, et s’il avait de l’appréhension à son approche. « Une appréhension, pas vraiment, nous répond-il. Je me suis rôdé avec Marcelle, on a fait assez de scènes. J’ai essayé de pousser mon personnage au maximum, pour ne jamais me sentir mal à l’aise. En fait, le problème de la scène, c’est que dès que tu es dans un entre-deux, y’a malaise. Si t’as envie de faire turn-up les gens et que tu le fais à moitié, y’a malaise. Pareil pour les ambiances plus calmes. Quoi que tu fasses sur scène, il faut le faire à 100%. Moi je me suis forgé un personnage qui, sur scène, fonctionne bien. Donc l’enjeu sur la Boule Noire, c’est plus de faire un show très stylé. Me poser des questions sur ce que j’ai envie de faire sur scène, comment je souhaite le faire, ça j’y ai déjà répondu. Là, la problématique c’est de faire un show à moi, et qui dure plus longtemps qu’un co-plateau.

On est sur un vrai show. On ne peut pas juste enchainer les morceaux, il faut qu’il se passe des choses etc. C’est sûr que je prépare mille surprises ! En plus à la Boule Noire, il y a le grand écran derrière, il faut jouer avec. De toute façon, la vidéo ça a toujours été interconnectée avec ma musique, ça fait sens d’en profiter et de l’utiliser. En fait je faisais de la photo et de la vidéo ado, avant de faire de la musique. Y’avait rien de sérieux. Mais très vite, faire de la musique c’est devenu un prétexte pour faire de la vidéo, des clips etc. Au début, quand j’ai commencé la musique, je préférais encore la vidéo. Aujourd’hui, c’est l’inverse, mais j’aime toujours beaucoup faire de la vidéo.

D’ailleurs, je ne délègue pas cette partie. Je travaille avec Lerayonlunaire, mais c’est un travail en duo, en coopération totale entre nous. Pour l’heure, j’ai les mains dans le cambouis à tous les niveaux : la pochette, les compos, les clips… Avec Lerayonlunaire évidemment, qui m’aide énormément. Ceci dit, pour la photo de la pochette de Marcelle, je ne peux pas prendre les crédits : c’est Shukowski, un photographe lituanien qui en est à l’origine. Là je l’ai juste empruntée. D’ailleurs, si on peut en parler un instant, y’a un truc vraiment beau avec cette photo, ce saut en arrière vers un lit, c’est drôle. L’image de se laisser tomber dans un lit, c’est toujours quelque chose de l’ordre de l’abandon. Mais là, la fille elle ne se laisse pas tomber : elle saute, elle le fait consciemment – même si c’est en arrière. Et je trouvais que ça me représentait bien ».

Focus sur Maison à l’aide

Si on adore Marcelle ici, on aime tout autant Maison à l’aide, le nouveau-né. La question fut alors évidente : comment ce projet a-t-il été travaillé ? Y’a-t-il des différences dans sa création avec Marcelle ? « Sur Marcelle, j’étais vraiment au noyau dur des prods, avec mes acolytes [dont Sheldon]. Mais là j’ai eu moins de temps de préparation, du coup mes noyaux de prods étaient mois aboutis. Ce qui fait qu’en entrant en studio pour faire Maison à l’aide avec Sheldon, il a joué une part bien plus importante dans la composition. Là, on est vraiment sur une co-production. C’est aussi pour ça qu’il est bien mieux produit, bien mieux abouti. C’est plus fin, y compris dans les outils et les instruments utilisés. C’est comme une version haute définition, alors que Marcelle tirait vers le lo-fi.

Note de la rédaction : Damlif ne dit pas ça péjorativement, bien au contraire. D’ailleurs, sur cette patte lo-fi, il précise qu’il y « avait un choix assumé d’avoir des instruments plus lo-fi, des ambiances de cet ordre » dans Marcelle. Au final, pour Maison à l’aide, « du fait du manque de temps et de la différence de méthode de travail, il y avait une nécessité qui s’est transformée en volonté de faire un projet qui sonnait mieux, tout simplement».

« Tout ça pour dire que sur Maison à l’aide, je suis quand même à la composition de tous les morceaux, mais j’ai une place moins importante que sur Marcelle. Je suis souvent à l’origine des idées mélodiques, bien que moins à celle des arrangements. Et justement, j’ai envie d’aller encore plus loin. J’ai envie de ne plus « rien » faire, de revenir à l’origine en somme, où je n’avais rien à voir avec les prods. C’est drôle d’ailleurs. Au départ je ne faisais rien sur les prods ; ça ne m’a pas satisfait donc je me suis mis à le faire ; et maintenant j’ai à nouveau envie de rien avoir à y faire. Mais parce que c’est différent : à l’époque je ne faisais rien parce que je n’y comprenais rien. Aujourd’hui je peux et je veux ne rien avoir à y faire, parce que précisément je comprends tout ce qui se passe. C’est l’idéal, de ne rien avoir à faire parce que tu comprends tout ce qu’on fait pour toi ».

Explication de textes

On se devait également d’évoquer certains des thèmes récurrents de sa musique – le mensonge, la peine, les caractéristiques féminines, la douceur – et s’il était conscient ou non de ces marottes. « C’est très dur d’avoir du recul sur son écriture, même pour moi. Même aujourd’hui l’idée que je me suis faite de l’écriture dans Marcelle, c’est à force d’entendre les gens m’en parler d’une manière ou d’une autre. Et en ré-analysant les textes après coup. En vérité, [pour moi], c’est dur de dégager des thèmes. Vu que tu écris chaque mot, c’est dur de trouver de grandes idées générales. Parce que toi [l’auditeur], ce que tu vas percevoir comme une idée forte ou une idée faible, moi j’ai pris autant de temps à les écrire. Donc c’est dur d’arriver à voir ce qui se dégage des textes. Là, Maison à l’aide cela fait trop peu de temps pour que je puisse faire ce travail. Il vaut mieux que tu me guides, parce que là [dessus], j’ai du mal ».

Charge à nous d’orienter la discussion, soit. Puisque c’est intéressant – même s’il faut éviter le commentaire simplificateur, on a décidé d’évoquer toutes les mentions connotées « féminines »dans son œuvre. Ce sont, pêle-mêle, la barrette qu’il affectionne tant pour ses cheveux, les lignes « J’aime bien les accessoires de filles / Pourquoi j’conduis encore comme un garçon ? » (Carmagedon), ou encore le morceau Fard, rouge à lèvres.

Sur ces éléments, la réponse est claire : « La vérité, c’est qu’à notre âge, c’est naturel de dire ça. On essaie juste de vivre avec ces nouvelles considérations, comme le fait de ne plus être entravé par les codes de la masculinité. En vérité, quand je dis ça, je ne fais à aucun moment un statement, ou un parti pris politique. C’est juste qu’aujourd’hui, ce n’est pas surprenant de voir un garçon qui a du vernis [ndlr : ou justement, du far et du rouge à lèvres]. Mais par exemple, je me pose encore la question de savoir pourquoi je conduis comme un garçon. De conduire trop vite, d’accélérer fort, de freiner fort ».

En plus de cela, Marcelle et Maison à l’aide sont aussi deux EP marqués par une certaine tristesse. Ou plutôt, une peine sensible. Et justement, Damlif abonde dans ce sens : « c’est un des retours que j’ai le plus sur Marcelle. Et je sentais que les gens avaient été touchés, piqués à un endroit précis. Mais il y avait autre chose que je trouvais intéressant : ça ne les faisait pas sombrer en dépression. C’est pas que triste, c’est pas juste ça. Là je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Et du coup, sur Maison à l’aide, je me suis dit – et ça contredis complétement ce que je t’ai dit avant – « ça, ça va être ma volonté ». Je voulais pousser ce truc qui se dégageait de Marcelle, et en faire mon fer de lance ; évoquer la tristesse et la peine, sans s’y complaire ou s’y prélasser. Plus pour donner, non pas des outils mais des débuts de piste ; même pas des débuts de piste ; juste, pour dire aux gens que c’est normal de réfléchir à ces choses-là, et de ne pas juste les subir. Et l’écriture ça permet précisément ça. Ça met en valeur, ça sublime cet effort-là ».

Plus singulier, Maison à l’aide parle beaucoup du mensonge, auquel un titre est même dédié. « Tout est venu après le morceau Mentir ah ça j’aime. Ce n’était pas un thème que je voulais aborder spécialement dans le projet. Mais après avoir écrit ce morceau, lorsqu’il me manquait une phrase à droite à gauche, je remplissais avec cette question. C’est lié au fait que petit, et jusqu’à tard dans l’adolescence, j’adorai mentir. Pas des mensonges néfastes, pour cacher des choses graves ou faire de la peine. Mais simplement j’inventai. Je ne pouvais pas m’en empêcher. C’est un peu par automatisme, mais aussi pour se rendre intéressant ».

Face à cette évocation, une seule possibilité : discuter, pour conclure, des rapports féconds qu’entretiennent le mensonge et l’art. Ecrire, créer ou raconter une histoire, c’est toujours un peu travestir le réel, modifier les sentiments ou les perceptions que l’on a en quelque chose d’autre. C’est évidement un topos littéraire et cinématographique, mais cela va plus loin. Les artistes sont des « menteurs » en cela qu’ils créent un personnage, des versions modifiées d’eux-mêmes dans leurs œuvres. D’ailleurs, l’étymologie de personnage vient précisément de là, signifiant en bas-latin à la fois la personne et le masque, ce derrière quoi on se cache.  Alors, on a posé une ultime question : est-ce qu’au fond, l’art n’aurait pas toujours à voir avec le mensonge ? 

« Ah là tu me poses un peu une colle, a-t-il dit avant d’y songer un temps. Quand j’y pense, j’ai rarement été d’accord avec les gens que j’ai connus qui ont pu soutenir que l’art, ça devait être le réel, sans mensonge, sans compromission, sans déformation. L’art qui était le plus légitime, pour eux, c’est celui qui était le plus réel possible. Alors que moi, c’est indéniable, je suis à 100% convaincu qu’il y a une part de mensonge dans l’art ».

Y’a-t-il du mensonge dans l’art de Damlif ? Assurément. Ce qui ne trompe pas en revanche, c’est le naturel avec lequel il mélange ses inspirations hors du rap. C’est cet aspect pop et rock alternatif, « sans être pompeux et chiant » (le Chroniqueur sale), que l’on retrouve sur les deux derniers projets. A cela, le rappeur réponde sobrement : « Y’a pas un moment où je me dis que j’ai envie de faire du rap « différent » ou de faire des instrus différentes. C’est juste que j’écoute de la musique différente. Naturellement, il y a des choses dedans que l’on ne trouve pas dans le rap. Et vu que je les aime et que je fais de la musique, mon instinct c’est de les voler. Ce n’est pas tant un effort conscient de mélanger les styles. C’est jusque que tout le monde vole, tout le monde s’inspire. Mais ça s’arrête là. J’essaie de ne pas en faire un argument en tout cas. Si je trouve ça intéressant, je le mets dedans, c’est tout. La trompette d’à la maison par exemple, c’est inspiré d’un morceau de Tom Waits, Burma-Shave. A la fin, tu as cette trompette perçante qui vient déchirer les oreilles. Eh bien je voulais faire ça aussi, mais à l’échelle du projet évidement. Du coup, c’est directement volé de chez lui. Et c’est toujours comme ça ou presque dans ma musique ».

Merci encore à Damlif pour cet entretien. De notre côté, on part écouter Maison à l’aide dans le calme, en attendant de le voir en concert.

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