La pochette de Jeune CEO du Juiice, racontée par ses créateurs

La pochette de Jeune CEO du Juiice mêle le charisme tranquille de la rappeuse, à un bling-bling délicieusement rétro. Trois des artisans de cet artwork nous racontent toute sa confection : du moodboard aux dernière finitions de la pochette, de Paris à Abidjan.

Il ressort de la musique du Juiice une insolence et une arrogance délicieuses, qui en font l’une des révélations rap indéniables de l’année 2020. La pochette de sa mixtape Jeune CEO prolonge cette impression impérieuse avec panache. Tout y est : la coiffe, la bouche entrouverte, le regard surplombant, les lunettes de soleil… Telle une pimp à mi-chemin entre les années 1970 et les années 2020, Le Juiice défie l’auditeur du regard. Les auteurs de la pochette nous racontent l’histoire de cette création haute-couture.

Cédric Sanvee, directeur artistique d’une CEO de la street

« Je suis mannequin, et je fais un peu de stylisme. Mais c’était ma première cover pour une artiste. Je connaissais la sœur du Juiice, et l’on s’était déjà croisés à la Fashion Week. On s’était dit que l’on devait travailler ensemble, et là, tout est allé très vite. Elle m’a contactée un vendredi ; trois jours plus tard, le moodboard – un ensemble d’images destinées à imaginer ce à quoi va ressembler la photographie finale – était fait ; et trois jours encore après, on faisait le shooting. »

« Quand je travaille pour un particulier, je commence toujours par étudier sa personnalité. Là, j’ai vu une personne assez extravagante, imposante par son charisme et sa prestance. Je me suis inspiré de quelqu’un comme Missy Eliott. Ce que j’ai imaginé, c’était la Jeune CEO… mais version de la street ! »

Tyler The Creator, l’une des inspirations du moodboard de Cédric

« Honnêtement, je suis fier de ce que j’ai réussi à faire en une semaine. Quand je compare le résultat final au moodboard, je me dis que j’ai réussi à faire ce que j’imaginais. »

Boyan Li, de la photographie de mode au shooting d’une rappeuse

« Je suis d’origine chinoise, et je vis depuis dix ans à Paris. Je connais très mal le rap, et je n’avais jamais travaillé sur une pochette d’album. Donc tout était très nouveau pour moi, d’habitude je travaille avec des mannequins ! C’est Cédric qui m’a proposé ce shooting un peu vintage, Gucci, qui correspondait à mon univers. »

Le Juiice - Jeune CEO (Clip officiel)

« Travailler avec une chanteuse, ce n’est pas comme travailler avec des mannequins professionnels. On a beaucoup parlé, on a mis la musique, elle a beaucoup improvisé… Elle a fumé un cigare, elle a rappé, elle a dansé sur sa musique. Le Juiice me faisait confiance, et moi, je suivais le moodboard que m’avait donné Cédric. Au final, la pochette, avec ses effets bling-bling et flous correspond complètement à ce que j’aime. »

Az, du fanart à l’artwork officiel

« J’habite à Abidjan, et je me suis passionné pour les pochettes avec la cover de The Carter IV de Lil Wayne. Sur mon Instagram, je réalise des pochettes alternatives pour les artistes que j’apprécie. Là, j’avais réalisé une pochette alternative pour le featuring du Juiice et Meryl. Le Juiice l’a vue, elle l’a appréciée, et elle m’a confiée la pochette de Jeune CEO. Elle m’a apporté toutes les images du shooting, pour que je choisisse la meilleure image. Après, je l’ai un peu retouchée. J’ai aussi travaillé en partie sur la tracklist. »

Le Juiice - O NONO ft. Meryl (Clip officiel)

« Le Juiice, elle a du style. Elle a ce côté chef d’entreprise, piquant. Et sur la pochette, elle a les vêtements de l’abeille : jaune et noir. Je trouvais le symbole parlant : si tu veux prendre son miel à une abeille, il y a toujours des séquelles ! C’est de là que tout est parti pour moi, avec ce travail sur les couleurs dorées. »

About Guillaume Echelard

Guillaume Echelard
Jeune journaliste en formation, ça fait déjà trop longtemps que j'écris des articles sur le rap. Ca parle souvent de politique et de rapports sociaux, c'est souvent trop long, mais c'est déjà moins pire que si j'essayais de rapper.

Check Also

L’indéboulonnable rap boulonnais

Comment a pu s’écrire une page charnière de l’histoire du rap français dans une des villes les plus riches de France, Boulogne ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *