[Interview] Araujo : « Le projet Une Larme de +, c’est un an et demi de recherche »

À l’occasion de la sortie de son EP Une Larme de +, nous avons discuté avec Araujo, rappeur multi-instrumentiste passionné…

Araujo, artiste aux multiples facettes, dévoile son nouveau projet ce 22 juin (dispo ICI)
Une Larme de + est un projet reflétant l’identité artistique plurielle et mélodique de l’artiste. Cet EP est un voyage sensoriel à travers les époques, les styles et les émotions, une expérience forte et puissante. On avait forcément envie d’en parler avec lui.

Araujo - BORDEL (Clip officiel)
Araujo – Bordel

Salut Araujo, comment vas-tu? 
Merci de nous accorder un peu de ton temps pour cette interview. Nous sommes très contents de pouvoir échanger avec toi!
Tu es donc interprète, compositeur, producteur et multi-instrumentiste, ce qui fais de toi un artiste très complet. À quel moment as-tu commencé à t’intéresser à tout cela? 

J’ai commencé la musique assez tôt, aux alentours de 6-7 ans. Ça a d’abord été avec les instruments, donc la guitare, et très vite, quand j’ai commencé à être à l’aise je me suis accompagné avec la voix. J’ai donc fais très longtemps des guitares/voix, je chantais des chansons comme ça. 

Après j’ai commencé à composer au piano, que j’ai appris tout seul, puis rapidement, vers mes 16/17 ans, j’ai commencé à faire mes prods. C’était l’époque des Type Beat sur YouTube, sauf que je n’avais pas l’argent d’en acheter, et je trouvais qu’il y manquait toujours quelque chose, ça ne me plaisait pas, j’avais toujours envie de les modifier. C’est pour ça que j’ai très vite commencé à faire mes prods, à les composer tout seul chez moi. Au début c’était très nul (il rigole), et après c’était mieux! 

Donc sur chacun de tes projets, tu travailles également sur les prods? 

Oui!

Tu les réalises toutes? 

Oui! Juste sur ce projet là, c’est d’ailleurs la première fois que cela m’arrive, mais Northside est le seul morceau dont je n’ai pas fais la prod. C’est un pote à moi qui me l’a envoyé et je suis un peu tombé amoureux d’elle. Mais habituellement, ça n’arrive jamais. 

Étant un artiste si polyvalent, as-tu des préférences quand tu créer? Que ce soit le chant, les prods ou autre ?

C’est un peu bizarre, mais quand je bosse sur des prods je vais te dire que ce sont les prods que je préfère, si je suis en train d’enregistrer des voix je te répondrais qu’enfait c’est ça que je préfère. Je bosse un peu tout en même temps et j’aime vraiment tout quoi! 

C’est important pour toi de pouvoir toucher à tout ça et d’être en charge de la gestion de chaque élément de la construction de tes projets ? 

Carrément! Je trouve que c’est ce qui fait ma force quelque part. J’ai vraiment de A à Z, la main sur ma vision artistique et sur la version finale du projet. Ça va des premiers accords de la composition de la prod jusqu’aux mix, puisque c’est moi qui mix les projets à la fin, ce qui je pense représente une grosse partie de la direction artistique. C’est donc vraiment important pour moi d’avoir cette idée de gérer de A à Z et de pouvoir proposer mes idées à 100%. 

Après l’écoute de tout tes projets, on a trouvé qu’on pouvait ressentir plein d’influences différentes, que ce soit R&B, Rap, Rock, etc. Elles te viennent d’où toutes ces influences variées ? 

Dans ma vie j’ai eu des phases diverses. Quand j’étais petit j’écoutais beaucoup ce que ma mère écoutait, donc du Rock des années 60/70, genre les Beatles, etc. Après, j’ai suivi mes grands frères et j’ai très vite été dans le Metal, musique que j’ai beaucoup aimé.
Ensuite, je suis parti dans le Classique, et je trouve qu’il y énormément de similitudes entre le Métal et le Classique.
Après ça j’ai eu une phase R&B, Électro, Techno. Daft Punk qui représente une énorme influence pour moi encore aujourd’hui. J’écoute vraiment tout ça, et pas seulement du rap. 

Est-ce que dans la musique actuelle, il y a des artistes qui t’inspirent vraiment et auxquels tu t’identifies ? 

Il y a plein de gens qui m’inspirent, mais à des niveaux différents. Par exemple, dans l’esthétique, un mec comme Khali va beaucoup m’inspirer. Après au niveau de la carrière, un mec comme Lomepal, même si c’est pas spécialement ce que j’écoute, m’inspire énormément, parce qu’il a commencé par quelque chose de classique et a fini par faire son truc, ce que je respecte de ouf, et j’aimerais en faire autant. 

Araujo - Une Larme de +
Araujo – Une Larme de +

Que ce soit sur Érose, ou Une larme de +, le choix des feats nous parait hyper pertinent et très intéressant. Est-ce que ce sont des choix réfléchis, avec lesquels tu étais sûr de pouvoir construire les choses, ou est-ce que cela s’est fait à l’issue de rencontres plus « naturelles » ? 

Les feats je ne les fait jamais au hasard.
J’ai besoin qu’il se passe quelque chose humainement. J’ai du mal à faire quelque chose avec des gens que j’ai jamais vu. Par exemple, pour Jey (Jey Brownie), ça s’est fait assez naturellement. On s’est rencontré sur une date, on a beaucoup aimé le travail de chacun, on a discuté direct et on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse de la musique ensemble. Sa musique me parlait, la mienne lui parlait, donc on s’est vu dans son studio, je lui ai proposé deux prods et ça s’est fait assez simplement. Je voulais vraiment avoir Jey sur ce type de prod : une prod afro, sur laquelle on ne m’attendais pas forcément. Et je suis trop content de ce morceau. 
Pour Sheldon, j’avais déjà eu l’occasion de faire des prods pour lui. Quand on s’est rencontré et on s’est entendu de suite. En plus pour moi c’est quelqu’un de très important dans le paysage rap en France. L’avoir sur un projet c’était du coup un immense plaisir. 

Sur le titre Une de + précisément, est-ce qu’il forme la continuité d’Érose

Il y a cette forme de continuité effectivement, mais c’est un projet moins porté sur l’amour véritablement.
Je parle pas forcément de la larme de tristesse. « La larme de + », c’était vraiment pour tout les types de larmes : les larmes de tristesse, de colère, de joie, de haine, de tout. Il y a donc une notion de continuité, mais c’est aussi d’évolution. 

Tu entres sur le projet avec 5ème Étage, dont la prod est assez mélodique et très rythmée, avec une atmosphère grave, triste et très personnelle. C’était volontaire d’entamer ce projet avec quelque chose d’impactant et un peu introspectif ? 

Oui carrément. J’avais vraiment envie que l’intro du projet soit quelque chose d’assez fort et de puissant, et qui soit représentatif du projet complet, sans forcément ressembler à tout le reste. La structure de ce morceau là est assez différente de tout ce qu’il y a dans le projet, et même dans la façon de faire, je savais que ce morceau serait l’intro. C’est avec celui là que je voulais planter le décor et annoncer l’identité du projet. 

L’ensemble du projet est très diversifié, que ce soit au niveau des prods, des flows, des constructions de textes etc. C’est important pour toi d’apporter cette diversité et cette richesse artistique à ton/tes projet(s)? 

Oui, c’est une volonté de ouf d’avoir toutes ces cordes dans le projet, parce que j’écoute énormément de choses et j’en écoute toute la journée. J’adore être dans la recherche de sonorités et y passer des nuits et des journées entières. Du coup, dans le projet complet j’avais envie d’avoir cette palette de recherche, d’avoir 1 an et demi de recherches à proposer. 

Pour revenir sur le feat avec Jey Brownie, il forme un peu une transition entre deux parties distinctes, deux ambiances différentes, comme un changement d’un thème à un autre, c’était volontaire ou c’est une interprétation de notre part ? 

Il ne marque pas forcément une transition en tant que t’elle. En revanche oui, il marque quelque chose dans le projet. J’avais jamais fait un morceau comme ça et on ne m’attend pas non plus sur ce genre de morceau. J’avais pourtant envie de faire un son un peu afro, très ouvert, très solaire, chose que je n’avais jamais vraiment faite.
Donc oui, ça marque quelque chose dans le projet, mais je ne le vois vraiment pas comme une césure. 

Dans les derniers morceaux du projet, sur Comme en Janvier par exemple, qui est très entraînant, avec pas mal de mélodies et un texte très terre à terre, une vibe de résilience et d’espoir se dessine, en contraste avec le début de la tracklist. Est-ce que c’est un morceau que tu avais en tête depuis longtemps, ou est-ce qu’il s’est construit au fur et à mesure que la track list prenait forme ? 

C’est un des derniers morceaux que j’ai fait et je l’ai de suite imaginé à la fin du projet. J’y ai tout de suite vu quelque chose de très cohérent. Encore une fois, dans ce morceau et dans la prod surtout, il y a plein de références électro, cap que j’avais envie de tenir jusqu’au bout. C’était en fait le bon morceau pour annoncer la fin du projet. 

Concernant les clips sorti : Bordel et Laisse plus récemment, on a deux vibes, deux univers très différents, ainsi que des esthétiques assez opposées qui montrent la diversité de ce projet et ses influences.
C’était évident pour toi de clipper ces deux morceaux là en premier ? 

Oui.
Avec Bordel je voulais revenir avec quelque chose de fort et de puissant, chose que je n’avais pas faite sur Érose, donc je trouvais ça assez intéressant. Pour le deuxième clip, il y avait vraiment une volonté de continuer avec une toute autre dynamique, et donc avec Laisse qui est complètement différent.
Je trouvais intéressant d’avoir ces deux morceaux en single parce que ça montrait avant même la sortie du projet, sa diversité. Que ce soit musicalement ou esthétiquement.
Donc oui, c’était complètement voulu. 

Araujo - LAISSE (Clip officiel)
Araujo – Laisse

Pour finir, le projet est sorti le 22 juin et tu te produis à la Boule Noire en octobre ! Félicitations! Est-ce que tu as hâte de performer et de fêter ça avec ton public ? 

Grave! J’ai trop hâte de rencontrer mon public et réellement les gens qui m’écoutent. Même si j’ai déjà fais des dates ici et là, ce n’était jamais 100% mon public, alors que là ce sera le cas! Hâte d’être sur scène, de faire des nouveaux morceaux, et même de simplement préparer le concert. 

Tu comtes y inviter des guests ? 

Ah oui! J’espère! Tout dépendra des disponibilités de chacun mais j’espère que tout le monde sera là et qu’on pourra célébrer ça tous ensemble!!

Place pour la Boule Noire ICI

About Lhamo

Lhamo
 Citoyen du monde avec peu d’moyens mais libre au moins » Rim’K - 113, Un jour sans paix, 113 degrés, 2005, Vitry-sur-Seine (94)     « Jolis noms d’arbres pour des bâtiments dans la forêt de ciment » - Akhenaton - IAM, Demain c’est loin, L’école du micro d’argent, 1997, Marseille     « J’suis un pacifiste, quiconque me défie repose en paix » - Damso, Débrouillard, Batterie faible, 2016, Bruxelles

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