9 mois après le très bon Cercle vertueux, Deen Burbigo est de retour pour notre plus grand plaisir sous le format EP. Au cours de sa carrière, il en avait déjà sorti deux (Inception en 2012 et Fin d’Après-Minuit en 2014). Dévoilé en plein été, OG San fait ici office d’amusement, tout en restant loin du thème solaire. Il est composé de 8 morceaux homogènes de pur kickage, du Deen Burbigo comme on l’aime. Pourtant, après avoir bien digéré cet EP, on reste encore sur notre faim. Explications.
Une continuité, sans surprises
Si vous êtes un fervent auditeur du rappeur depuis ses débuts et l’époque de l’Entourage avec Nekfeu, Alpha Wann ou encore Jazzy Bazz, OG SAN sera un EP que vous allez apprécier. En effet, le projet est fidèle à l’artiste. Il ne contient aucun refrain chanté, l’égotrip est de sortie et les flows sont acérés. Tout est réuni pour écouter un bon album de rap. Voici deux exemples de phases d’égotrip employés par Deen Burbigo :
Tu veux un feat pour te faire connaître, après l’feat, tu voudras t’faire oublier
Sur OJISAMA
On respecte ceux qui font leurs chiffres (ouais), pas ceux qui font leur numéro
Sur Agent Orange
C’est simple, l’EP s’inscrit parfaitement dans la lignée de son dernier album, Cercle Vertueux. Il était centré autour d’un rap brut, sincère et confidentiel. C’est pour le coup, ce type de rap plus kické, qui est la tendance du moment dans la musique urbaine française. On peut notamment citer pour illustrer nos propos, les succès commerciaux récents d’artistes comme Freeze Corleone et Alpha Wann, qui placent les lyrics avant tout.
Si les 8 titres sont tous intéressants et particulièrement qualitatifs, on reste assez déçu. En effet, Deen Burbigo reste dans sa zone de confort avec une musique épurée mais sans renouvellement particulier. Deen fait du Deen, de manière efficace. C’est un choix artistique qui peut s’avérer compréhensible. Sur son premier album Grand cru dévoilé en 2017 et certifié disque d’or, Deen Burbigo avait tenté de créer des morceaux plus mélodieux et chantés mais sa réception auprès du public fut mitigée. Le rappeur parisien nous a habitués à du solide et une maîtrise nonchalante de son art. C’est pour cette raison, que malgré un EP de qualité on reste sur notre faim. Deen Burbigo nous oblige à être exigeants.
Pourtant, OG SAN semble être la conclusion d’une période faste pour l’artiste. Il a su renouer avec une musique qu’il maîtrise sur le bout des doigts après l’expérimental Grand Cru. On sent que Deen Burbigo est épanoui et totalement libéré d’une pression qu’il s’était lui-même imposé auparavant dans la création de ses œuvres. De plus, il semble enfin avoir apprivoisé sa voix. Sans forcer, Deen parvient à l’utiliser de manière efficace, tout en accentuant quand il est nécessaire pour appuyer ses lyrics. Outre le charisme vocale, il prouve qu’il sait multiplier les flows et les ambiances. Agent Orange en featuring avec Nekfeu, est une véritable démonstration technique avec un pass-pass digne du statut des deux MC. Mansa Moussa fait quant à lui office de morceau “chill”.
Deen Burbigo devient OG SAN
L’un des points forts du projet est incontestablement les lyrics, illustration de la constante évolution qu’à eu le rappeur depuis une dizaine d’années. La cover de OG SAN va également dans ce sens. On y aperçoit Deen Burbigo tailler les feuilles d’un bonsaï. Cette plante d’origine japonaise est l’incarnation même de la sagesse, de l’endurance et de la longévité. Deen Burbigo dure et se bonifie avec le temps, comme un bon vin. Il n’est plus ce jeune rookie des battles de Rap Contenders, aujourd’hui il est devenu un OG.
OG, on n’est plus des rookies, nous, quand on le fait, on le fait bien (bien)
(Cousin, le rap, c’est pas la vie, mais quitte à le faire, je le fais bien
OG, on n’est plus des rookies, quand on le fait, on le fait bien)
Sur Mentalité

Pour revenir aux écrits du rappeur, un sujet revient assez fréquemment dans le projet. En effet, son rapport avec le rap est omniprésent. C’est ainsi que Deen Burbigo n’hésite pas à être franc sur ce qu’il pense du rap français.
Le rap jeu, c’est l’école des putes, rien qu’ils révisent leurs positions
Ils mettront respect sur nos noms, j’mets bien plus qu’un resto dessus
Comme l’huile dans l’eau, on n’se mélange pas et on reste au-dessus
Sur Smith
Il apparaît assez détaché du monde du rap, ainsi que de tout ce qui l’entoure. Le rap ce n’est pas la réalité, Deen Burbigo semble l’avoir assimilé.
Carbonisé, j’rappe depuis la récré mais, un jour, j’arrêterai comme Salif et Exs
Parce que, le rap, c’est pas la vie (bah non, bah non) mais, quitte à le faire, je le fais bien
Sur D1
Le rap, c’est un truc de gole-mon, en vrai, j’ai bien l’seum d’être un de ces caves
Mais j’continue parce qu’un de ces quatre
Il s’pourrait que je pète comme un pain de C4 (ah, ça commence bien)
Sur Ojisama
J’fais le job dont j’rêvais écolier, j’trouve des perles et puis j’en fais des colliers
Tous mes problèmes, j’les fais disparaître en trouvant des mots qui finissent pareil (le meilleur des jobs)
Sur Mentalité
Avant de conclure, voici les deux phases qui ont particulièrement retenu notre attention durant les écoutes de OG SAN :
Mon corps, mon mental doivent muscler leur alliance
Tous les jours, j’évolue comme l’art et la science (gang)
Sur OIJISAMA
Le don que je préfère chez les artistes, celui d’immortaliser l’éphémère
Sur Promotion

OG SAN est à priori le volume 1, d’une suite d’EPs. Si ce dernier est une réussite pour toutes les raisons que nous avons citées plus haut, on sera curieux de voir si Deen Burbigo parviendra à diversifier sa musique afin de produire un deuxième tome de grande qualité mais cette fois-ci plus hétéroclite. Seul l’avenir nous le dira.