Avec la rubrique découverte La Nouvelle FRap, on digge les nouveaux talents du rap francophone qui vont bousculer le game et vos playlists dans les mois à venir !
A intervalles de temps réguliers, LREF vous propose un petit panel de cinq artistes auxquel.le.s il est urgent de jeter une oreille. Ce mois-ci, ce sont cinq rappeuses qui sont à l’honneur. Car, derrière la mise en lumière de Lala &ce, Meryl ou Le Juiice, les artistes rap féminines restent largement invisibilisées dans les médias spécialisés comme généralistes, ce à quoi il est grand temps de remédier !
MCM
À ses aises dans le milieu rap francophone et soutenue par les médias indépendants et universitaires, MCM — rappeuse, femme, mère et militante — n’en est plus à ses premières armes. Avec cinq albums à son actif, la prolifique rappeuse cumule les présences sur scène lors de festivals d’envergure tels que le FemceesFest (Saint-Etienne), les Francos de Montréal ou le Urban Women Week (Dakar). Vous partager Fleur noire, la dernière track de l’artiste québécoise, nous donne l’occasion de saluer le projet #RAPELLES, initié par le réalisateur et producteur Vincent Egret, avec ses complices du label STE-4. Ce projet musical prônant « la liberté d’expression, la diversité et la prise de parole égalitaire » a débouché sur la sortie d’un EP il y a quelques semaines. Composé de 6 titres inédits, cet opus dévoile le talent de six rappeuses (MCM, Meryem Saci, OneNessa, Kella, Ruby et Sydanie) en route pour casser les carcans genrés du rap francophone.
Morgan
Quelques mois après ses débuts sur TikTok, la rappeuse Morgan rassemble plus de 500 000 abonné.e.s sur ce réseau, conquis.es par ses freestyles à base de mots imposés par le public ou des célébrités. Solidement implantée sur les réseaux sociaux, l’artiste originaire d’Annecy a décidé de s’offrir une véritable carte de visite, fruit d’un travail approfondi sur ses textes, sa voix, son univers. Lancé par le single Noir, sorti fin janvier, l’EP 5 titres Premier Niveau, livré le 12 février dernier, dévoile une musique hybride, entre kick et chant, qui ne se laisse pas ranger dans une case prédéfinie. En juillet 2019, ses études terminées, Morgan quitte la Haute-Savoie et prend un aller simple pour Paris. La difficulté d’y construire une nouvelle vie renforce sa détermination et, quelques mois après son arrivée, elle écrit Noir dans un coin du bar Les Disquaires à Bastille, où elle fait des extras. Dans Premier Niveau, ces bribes de vécu croisent des passages de fiction, le tout accompagné de trois clips qui dessinent une histoire prenante, dont on a hâte de connaître la suite.
B.Ivee
Tout comme l’artiste précédente, la rappeuse B.Ivee a quitté sa région natale pour s’installer à Paris, qui demeure décidément le centre névralgique de la culture Hip-Hop en France. Le voyage a toutefois été un peu plus long, puisque c’est en Guyane que la MC a fait ses premières armes rapologiques. Après 2 morceaux sortis à l’été 2018, chantés et en anglais, elle a pris le temps de réfléchir et de définir sa proposition artistique. C’est avec une nouvelle formule, résolument rap FR, que B.Ivee est revenue aux affaires en janvier dernier. Le morceau Chacun pour soi, posé quelque part entre trap classique et pop urbaine, est présenté par son autrice comme le fruit d’un important travail musical, ce qu’on croit sans peine vu la qualité du titre. Etoffant son réseau et son expérience en région parisienne, B.Ivee maintient et cultive ses attaches guyanaises, comme le prouve son single Fais pas ci, fais pas ça, où la rappeuse est accompagnée de Donfly, rappeur également originaire du 973.
Daryiah Blu
Si on ne compte pour l’heure que trois singles à son actif, il ne fait guère de doute que Daryiah Blu s’apprête à pousser les portes du succès. Signée sur le label Believe avec son producteur, le musicien touche-à-tout L$30, l’artiste parisienne dévoile une musique où se mêlent harmonieusement ses influences rap, soul et R’n’B. Portés par des prods soignées et des toplines d’une efficacité redoutable, les sons livrés par Daryiah Blu depuis le mois de janvier font état de ses talents : l’écriture gagne en précision au fil des titres, la voix est maîtrisée, et la rappeuse, passée par le monde de la danse, est à l’aise devant la caméra, comme en témoigne le beau clip du single Tandem. Côté thèmes, ce sont pour l’instant les relations humaines qui occupent le cœur du propos de Daryiah Blu. Sur Tandem comme sur Maintenant tu sais, il est question d’amitié, d’amour, et la frontière entre les deux est habilement brouillée. Pour tout cela, on attend avec impatience le premier projet (vraisemblablement un EP) de cette artiste complète, intrigante, prometteuse.
Esthr
On termine cette sélection comme on l’avait commencé, avec le portrait d’une rappeuse militante, qui trace petit à petit son chemin dans l’underground francophone. Armée d’un beau bagage technique, la parisienne Esthr entend bien faire un sort aux prods et aux oppressions, quelle que soit leur nature. Dénonçant « les coups de matraques et le gaz dans les yeux » ou bricolant des amulettes entourée de ses sorcières, la MC a la prose bien ancrée dans les luttes actuelles. A l’aise sur tout le spectre sonore du rap, de la drill au boom-bap piano/violon, la rappeuse s’est produite sur quelques belles scènes en 2019 : Demi Festival, Paris Hip-Hop Winter ou encore Scred Festival. Si la rappeuse a pour l’instant dévoilé peu de titres solo, elle affiche une liste étoffée de collab’ (on la retrouve par exemple sur le récent projet de la DJ parisienne S’One). Parmi ces feats, on vous invite à découvrir le récent et très bon Poz, où Esthr croise la plume avec sa comparse Lylice, dont on vous parlera très bientôt dans nos colonnes !