4 ans jour pour jour après la sortie d’Ipséité, Damso boucle la boucle en sortant QALF Infinity, faisant suite à Ipséité et QALF. Il termine ainsi l’alphabet grec avec les dix dernières lettres.
Dès la première phrase de l’album, on a l’impression de faire un saut en arrière. On retrouve l’ADN du Damso original, celui qui s’était fait connaître et qui lui avait permis d’acquérir son statut de poids lourds du rap francophone. À savoir, un kickeur qui détruit chaque instrumentale avec aisance. C’est en quelque sorte du fan service. Avec Qalf Infinity, Damso marque le retour et peut-être la fin de son personnage noir et sale. Avec ce côté sombre et obscur, le rappeur parvient à confier toute la haine et la violence qu’il a absorbée depuis son arrivée sur le continent européen. C’est un moyen aussi pour lui d’aborder ses démons, représenté par l’alcool et le sexe. Une nouvelle fois, Damso utilise la vulgarité pour rendre son écriture incisive et percutante. Une chose est sûre, le gangster qui avait trouvé l’amour dans la première partie de QALF est désormais un lointain souvenir.
Une réelle évolution
Damso a mûri et grandi. Les thématiques employées dans QALF Infitiny, sont plus réfléchies. Je pense notamment à son rapport avec les femmes mais également sur sa vision de son propre personnage. Il a pris conscience que son écriture n’était pas seulement un style mais surtout de la fiction.
On sent un réel épanouissement dans sa vie de tous les jours et cela se ressent sur ses textes. Damso a appris à s’ouvrir aux autres. Il se sent moins rejeté qu’auparavant. Le morceau Passion en est l’exemple parfait. Il fait un bilan de sa carrière et plus globalement de sa vie. Évoquant son passé de sdf à ses embrouilles avec Booba ou encore aux polémiques qu’il a dû affronter. Il fait indirectement comprendre qu’auparavant il ne voyait que du noir autour de lui. Désormais, il comprend qu’il était entouré de couleurs dès le départ mais qu’il n’arrivait pas à s’en rendre compte.
QALF Infinity est profondément sombre dans les thèmes abordés et sa manière de kicker, mais il est définitivement coloré par la musicalité du projet. C’est en grande partie dû à la liberté des producteurs sur la conception des sons (Ikaz Boi, Prinzly et Jules Fradet en autres). L’apport des guitares dans les morceaux The vie Radio et Morose illustre cette idée. C’est également le cas durant l’outro de Morose avec l’apaisant solo de saxophone de Dieter Limbourg. À l’instar de Nekfeu, qui avait donné une place importante aux instruments de musique dans les Etoiles vagabondes. On pense notamment au morceau Alunissons.
Cette liberté musicale se ressent dans la construction des morceaux. C’est ainsi qu’il y a un nombre incalculable de changements de productions dans le projet. Chaque transition est calibrée au moindre millimètre. Cela permet de contenir cette folle créativité et de donner un sens à chaque choix artistique. Il y a une réelle osmose musicale entre Damso et les instruments de musique.
Damso, un artiste accompli
Avec QALF Infinity, Damso prouve qu’il est désormais un artiste accompli musicalement et artistiquement. Comme il l’a mentionné de nombreuses fois en interview ces dernières semaines, le rappeur belge compte se retirer du monde de la musique après sa série de concerts en 2022 et donc signer la fin du personnage de Damso. Tout au long du projet, il se confie sur son dégoût envers l’industrie musicale et les mauvais côtés de la célébrité. Lors de ses anciens projets, il n’avait pas autant développé cet aspect. Sa passion étant devenu un business, Damso veut revivre la musique comme un simple passe-temps.
Avec QALF Infinity, William Kalubi Mwamba annonce la mort de Damso et la naissance d’un nouvel artiste, qui pointera le bout de son nez lors des prochains mois, voire prochaines années. C’est l’ultime projet qui vient conclure la carrière de Damso dans le sale.