Alors que Parcours accidenté s’est frayé une place dans plusieurs tops annuels – chez nous comme chez d’autres médias spé – nous publions aujourd’hui l’entretien réalisé avec Ben PLG quelques jours avant la sortie de ce très bel album. Point d’orgue de notre semaine dédiée au rap lillois, cette discussion nous transporte au coeur de l’univers créatif du natif de Tourcoing. Elle nous permet aussi, dans ses derniers paragraphes, d’en connaître davantage sur la scène nordiste, son histoire, ses acteurs, son dynamisme actuel.
Nul doute que celles et ceux qui ont aimé Dans nos yeux et Parcours accidenté retrouveront, dans les lignes qui suivent, la sensibilité qui rend le rap de Ben PLG si touchant, bouillonnant. Discuter et digresser avec cet artiste – qui respire l’humanité et l’amour de la musique – a été un réel plaisir ; il faudra donc nous pardonner la longueur des questions et la densité des paragraphes.
Bonjour Ben PLG ! Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas ?
Je m’appelle Ben PLG, je suis un rappeur originaire de Lille, qui s’apprête à sortir son deuxième album nommé Parcours accidenté, qui je suppose sera sorti au moment où les lecteurs liront l’interview. Je suis né à Tourcoing, j’ai vécu dans cette ville jusqu’à mes 17 ans. Ensuite, j’ai habité dans plusieurs villes de France, et actuellement je vis à Lille.
Tu as été révélé par l’album Dans nos yeux sorti en 2020, et tu sors aujourd’hui un nouvel album, Parcours accidenté. Quels points communs et différences y a-t-il entre ces deux albums au niveau de leur conception, de leur préparation ?
Dans nos yeux est vraiment, comme tu le dis, l’album qui me révèle au public. J’avais un « challenge » : je n’existais quasiment pas aux yeux des auditeurs, je me devais donc de faire l’album le plus abouti possible. Lorsqu’il est sorti, l’album Dans nos yeux était la chose la plus aboutie que j’ai fait de ma vie. Ce projet m’a permis de comprendre que j’étais capable de faire un bon album de rap français, ce qui est une belle chose pour un fan de rap – et plus généralement de musique – comme moi. La reconnaissance du public et le succès critique sont des choses que je n’imaginais pas rencontrer dans ma vie.
C’est con, mais en commençant Parcours accidenté, je partais avec le questionnement suivant : est-ce que je vais arriver à faire mieux, ou du moins aussi bien ? J’ai un passé, des médias qui ont parlé de moi, des fans qui ont kiffé, je me disais : « merde, est-ce qu’on va arriver à le refaire ? ». Une fois ce moment de réflexion passé, un changement que je peux pointer est l’élargissement au niveau des beatmakers. Sur Dans nos yeux je ne bossais qu’avec Murer, qui habite Metz, ville dans laquelle j’ai habité et que j’aime bien. Pour Parcours accidenté j’ai élargi avec Lucci, qui comme moi habite à Lille. Il y a aussi Jeoffrey Dandy, qui bosse avec Timal, a bossé avec MHD, et qui a donc une autre manière de travailler. Des gars comme Murer ou Lucci sont, tout comme moi, « en développement » (tout en étant déjà très talentueux), et il était intéressant d’être avec des mecs qui ont d’autres manières de faire.
Parcours accidenté me paraît plus rappé et un peu moins chanté que ton album précédent, d’où vient ce changement ?
Ça n’est pas du tout une volonté et, dans les faits, si tu compares le nombres de couplets rappés et chantés dans les deux albums, il y a plus de couplets chantés dans Parcours accidenté que dans Dans nos yeux. C’est l’ambiance globale qui est plus pesante dans ce nouvel album. Parcours accidenté commence par un morceau sans refrain comme c’était le cas avec Dans nos yeux, mais ce sont deux morceaux d’intro très différents. Fils de pute est un morceau beaucoup plus sombre que Cœur propre et mains sales. Je suis d’accord avec toi sur le côté « plus rappé », surtout quand j’écoute le début de l’album, mais en réalité il y a des refrains chantés sur beaucoup de tracks.
On peut dire effectivement que Fils de pute, premier morceau de ce nouvel album, est puissant au point d’influencer la lecture qu’on a du reste du disque.
J’ai fait ce morceau en me disant : « c’est l’intro ». Pour donner une anecdote, j’ai fait le morceau avec Lucci et Luis le Caméléon, qui est claviériste. Ce sont de gros fans de trucs très aériens comme Don Toliver ou Travis. En finissant le morceau ils m’ont dit : « mouais, c’est pas ouf » et j’ai répondu : « Si c’est bon, on continue dans cette direction, doublez la batterie sur le deuxième couplet ! ». Ils n’arrêtaient pas de me demander si j’étais sûr de ce que je faisais, et je crois que j’étais le seul à kiffer le son à la fin de la session. [Rires] Bien sûr, ils ont fini par comprendre ma direction, et quelqu’un comme Lucci m’apporte évidemment beaucoup sur des ambiances aériennes.
L’atmosphère des morceaux est assez variable sur l’album, l’optimisme des textes aussi : tu passes de « ils vont mettre PLG en haut de l’affiche » à « j’sais que j’vais taper un platane en cherchant du feu dans la portière ». Est-ce que c’est volontaire, ou est-ce que cela traduit simplement les différentes humeurs que tu peux avoir quand tu arrives en studio ?
Pas sûr que tu puisses me donner beaucoup de phrases optimistes dans le genre : « ils vont mettre PLG en haut de l’affiche ». Le but du morceau Né pour briller [dont est tirée cette phrase optimiste, ndlr] est de livrer une « réflexion automatique » : j’amène l’auditeur avec moi, un soir où j’ai une sorte de trop-plein, où je sors dehors, j’achète un paquet de clopes dont je vais taper la moitié en buvant un sky et en regardant ce qu’il se passe. Bien sûr que je souhaite voir PLG en haut de l’affiche, j’ai trop souvent vu mon nom en bas des affiches de concert. Il n’y a pas longtemps j’ai fait un concert où mon nom était en haut de l’affiche, mais c’est seulement parce qu’elle était faite par ordre alphabétique ! [Rires] Je ne suis pas quelqu’un de désabusé, mais j’aime le chanter. Quand je dis que je vais finir en prenant un platane en cherchant du feu dans la portière, il y a un côté ironique, c’est pour dire que je suis distrait. Je vois parfois les choses avec un œil désabusé, mais je n’ai pas envie de faire une musique trop noire, sans espoir.
On sent dans tes sons l’influence des « rappeurs techniques à trois couplets », auxquels tu rendais hommage sur le morceau La Nuit, mais on sent aussi que tu as fait un effort pour t’en détacher. Quelle est ta méthode pour écrire tes textes ?
C’est l’émotion d’abord, c’est le ventre qui choisit. Quand j’ai commencé le rap, il y a une dizaine d’années, je voulais être le meilleur freestyleur, qui rappe vite, avec les meilleures multisyllabiques. Aujourd’hui, tout cela ne m’intéresse plus, ce qui m’intéresse c’est de transmettre des émotions. Mais quand tu as ce passé là, tu restes technique. Par exemple, un mec comme SCH est technique. Quand il rappe, tu sens qu’il a « plus de chevaux sous le capot » que pas mal d’autres rappeurs. Je me pense un peu dans cette situation. Si je veux me branler et faire un morceau ultra technique, je pense que je peux le faire. Mais je m’en fous parce que, personnellement, je préfère un rappeur « limité » qui me fait ressentir quelque chose qu’un mec qui fait des multis sur 35 morceaux.
Tu cites dans tes textes plusieurs références rap français, notamment Salif et Niro, qui représentent deux époques différentes : années 2000 et années 2010. Est-ce que tu te considères comme l’enfant d’une de ces décennies en particulier ?
Tout influence ma musique. Quand je cite des gars comme Niro ou Salif, je cite la B.O. d’une certaine partie de ma vie. Dans mon adolescence, quand j’allais au foot à pieds, dans mon MP3 tu avais effectivement Nakk, Despo Rutti, Paradis Assassiné – je me rends compte que ça fait vraiment « mec pas heureux » en disant ça. [Rires] Ensuite, j’ai grandi et j’ai écouté d’autres choses. Comme depuis Dans nos yeux je parle beaucoup de mon enfance, je suis forcément amené à parler d’artistes comme Salif qui m’ont beaucoup marqué à cette époque-là. De temps en temps, je le réécoute avec plaisir, mais je ne suis pas en mode « j’écoute seulement des trucs à l’ancienne ».
Je rebondis sur ton évocation du football. Tu parles plusieurs fois de cette passion dans Parcours accidenté, avec pour trait caractéristique et assez génial de l’évoquer avec un point de vue de joueur amateur, sans comparaison égotrip avec des joueurs stars. Comment est-ce que le foot et le rap s’entrecroisent dans ton parcours personnel ?
Encore une fois, c’est une évocation de mon enfance et de mon adolescence. J’ai joué au foot jusqu’à 18 ans, j’ai fait ma dernière saison en CFA, même si je n’avais pas trop le niveau. Ça n’est pas non plus un thème de ouf dans ma musique, mais j’aime ce que le football représente au niveau social. J’ai une culture foot assez énervée, j’étais fan de foot avant d’être fan de rap, même si c’est un peu le même délire. Si demain j’arrive à Leeds en Angleterre, je peux aborder un habitant et lui parler d’Alan Smith, l’attaquant de leur club au début des années 2000, avec ses cheveux peroxydés, et après on ira boire des bières ensemble. Le foot est très rassembleur. Parler du Reims de Raymond Kopa avec mon grand-père nous permettait de discuter pendant des heures.
Pour le parallèle entre foot et rap, je partirai de mon poste, gardien de but. La pression à gérer pendant un match ou quand tu fais un concert (en tant que rappeur, seul interprète en scène) est un peu la même : le moment dépend beaucoup de toi. Dans les deux cas, il y a une énorme responsabilité qui pèse sur tes épaules. Pour arriver à kiffer le moment, il faut se détacher de ce stress, se rendre compte que tu es content d’être là, de faire ce que tu fais. J’ai fait un des mes derniers matchs dans l’ancien stade du LOSC [Lille Olympique Sporting Club, ndlr], il y avait beaucoup de monde. J’ai fais une mauvaise sortie aérienne qui nous a coûté un but. Sur le moment, j’ai plongé mentalement. Un peu plus tard je me suis rendu compte que je vivais mon rêve, avec une pelouse de ouf, un stade plein ! Ce moment a été important dans ma vie. Cet exemple est valable pour beaucoup de choses, comme se retrouver en studio avec tel artiste ou beatmaker que tu kiffes, qui t’impressionne. Dans ces moments il faut se dire : « kiffes, ne te laisse pas bouffer par le stress ».
Tu parles dans tes morceaux de choses très intimes, touchant notamment à la sphère familiale, est-ce que c’est quelque chose qui demande une grosse réflexion avant d’être placée dans un texte, ou est-ce que ça « sort tout seul » ?
Pour moi, le morceau le plus intime du projet est En-dessous des nuages, qui parle de ma sœur. Ce genre de morceau, ça sort tout seul. Parfois, tu as des émotions qui te remplissent, et lorsque tu arrives en studio, tu tombes sur une instru qui ouvre le robinet. En-dessous des nuages est un super souvenir de studio avec Lucci. Je trouve que, dans ces moments-là, tu sens que tu es en train de faire quelque chose de touchant. En plus, j’aime le mélange du dansant et du mélancolique que tu retrouves sur ce titre.
Sur Vivre et mourir à Dunkerque je parle de mes cousines [«T’as gagné un été dans la zone, p’t-être une semaine chez tes cousines. Ces connasses me prenaient pour un cancre, disaient qu’j’arriverais pas à grand-chose. J’vous en veux pas, vivez heureuses, mais vos clébards ressemblent à vos gosses », ndlr]. Ce genre de choses sort également tout seul, mais c’est plus de la vanne, même si je le pense. C’est marrant, parce que le jour de la sortie du morceau ma grand-mère a montré le clip à ma tante, alors que j’y insulte ses filles ! [Rires] La chanson parle de mes étés : la rengaine « cette année on part pas en vacances parce qu’il faut changer la machine, le lave-vaisselle ou je-ne-sais-quoi », est quelque chose que j’ai beaucoup entendu. Et entendre mes cousines intello me dire tout l’été que j’étais nul, cela m’a fait « souffrir » à l’époque. Je trouve bien de le raconter dans une chanson, car j’imagine que je ne suis pas le seul à qui cela a dû arriver.
Il me semble que tu as travaillé dans le « social », et il t’arrive régulièrement d’évoquer les « petits » des chez toi dans tes tracks. Est-ce que comme Isha tu te considères – en lien avec ton statut de rappeur – comme un « éducateur de rue » ?
Aujourd’hui je ne fais plus que de la musique, mais j’ai effectivement beaucoup travaillé dans le social. Je ne me vois pas vraiment comme un éducateur de rue, et je ne suis pas ancré à un territoire, n’ayant jamais vécu plus de quatre ans dans la même ville. Pendant quasiment trois ans, j’ai donné des cours de rap en prison pour mineur, d’où la chanson Nabil, dans Dans nos yeux, dédiée à un jeune que j’ai rencontré là-bas. J’ai aussi amené des adultes handicapés mentaux en vacances – au Viet Nam, à Cuba, en Bretagne – pendant dix ans, depuis mes dix-huit piges. C’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé faire, je pense que c’est ma seconde passion après le rap. Tout ce qui a trait au handicap, je trouve cela très intéressant. Pour financer mon premier album, j’ai créé mon association, dans laquelle j’organisais soit des cours de rap en prison, soit des ateliers. Et là, tout de suite, je suis à La BAM, une salle de concert de Metz, où je fais du coaching auprès de rappeurs qui ont peu d’expérience de la scène. J’aime faire des choses qui ont un lien avec la transmission, ce sont des trucs dans lesquels je suis capable, et qui m’enrichissent.
J’aimerais qu’on pousse plus loin dans la question de la professionnalisation. Dans un morceau tu dis avoir rendez-vous en intérim et chez Sony dans la même journée. Quel est aujourd’hui ton rapport au monde professionnel de la musique ?
Je suis en indépendant, j’ai créé mon label qui s’appelle Pour la gloire. Je l’ai créé avec mon manager, on le gère ensemble et j’en suis actionnaire à 50%. Je suis entouré d’une équipe professionnelle (comptable, attachée de presse, des gens qui s’occupent de la distribution sur les plateformes), mais je n’en reste pas moins investi dans tout. Je ne paye pas telle somme pour un clip sans avoir épluché le scénario. J’ai le nez dans tout, parce que j’aime ça et que j’ai envie que les gens qui voit le nom « Ben PLG » puisse sentir que je suis derrière.
Quand tu dis que tu as eu un rendez-vous chez Sony, c’est juste une phrase comme ça ou bien c’est réel ?
Bien sûr que j’ai eu des rendez-vous en maison de disque ! Tu veux savoir si j’ai signé c’est ça ? [Rires] Il y a parfois des gens qui arrivent avec des questions du genre : « c’est bien de signer en maison de disque ? ». Ma réponse ce serait : « Frérot, ça dépend de ce que tu as envie de faire, de ton profil ! ». Personnellement, je ne suis plus un enfant, je sais travailler, je sais ce que je veux. En même temps, pour certaines personnes, c’est très bien d’être signé en artiste chez je-ne-sais-qui. Disons que si tu es capable d’y aller en indé, vas-y en indé : tu vas apprendre beaucoup et tu vas faire marcher la machine à sous !
Mis à part Axiom, on connaît peu d’artistes rap lillois des années 90 ou 2000. Est-ce que tu peux nous éclairer un peu sur l’histoire de la scène lilloise ?
En vivant à Lille étant plus jeunes, on connaissait des « grands » de Lille niveau rap, mais effectivement personne ne faisait rien au niveau national. Avant Axiom il y a eu MAP (Ministère des Affaires Populaires), un groupe engagé qui faisait un peu du Keny Arkana avant l’heure. Ensuite, il y a eu des trucs qui ont un peu marché comme La Jonction ou Feini-X Crew. Il y avait aussi Paranoyan, un de ceux que je préfère, qui est un rappeur hyper touchant que je vous conseille d’écouter, notamment son album L’école du micro sans argent. Un peu après tu as eu Veerus, de Dunkerque, qui a eu un certain succès. Il faut aussi mentionner La Chronik, que j’ai découvert et rencontré il n’y a pas longtemps. Ils bossent avec Mehsah à la prod, qui a récemment produit PLK ou Classico Organisé.
On a l’impression que la scène lilloise est en train de monter en puissance, avec des connexions plus régulières comme en témoigne le fait que Bekar soit présent sur Parcours accidenté. Peux-tu nous donner ton point de vue sur ce qui se passe actuellement dans le rap lillois ?
Ce qui me régale c’est que, dans n’importe quel style, tu sens la « touche lilloise ». Prenons par exemple Gibs, artiste que j’adore, signé sur le label de JuL et qui fait une musique qui peut se rapprocher de la sienne. Dans ce qu’il te raconte, dans sa manière de parler, ses expressions, je vois Tourcoing ! ZKR c’est la même chose, on sent qu’il est du Nord dans sa manière de parler, de faire ses chansons. Dans des styles très différents, que ce soit des rappeuses comme Vicky R ou Eesah Yasuke, ou un rappeur comme Michel – qui fait quelque chose qui se rapproche de la house – tout le monde parle du Nord. Bekar et moi avons sorti nos projets précédents à une semaine d’intervalle, et c’était kiffant de voir les médias parler de nos deux albums en même temps. On se disait : « trop bien, ça se complète ! on ne fait pas la même chose, mais il y a des liens ». C’est cool de voir cette scène évoluer, de manière plus organisée. Tu sens que la scène se structure, avec des labels, des managers, des studios, des très bons beatmakers. Il y a quelques années, j’avais fait quelques médias à échelle nationale, et j’étais le seul de la région à les faire. Maintenant je me dis que c’est bon, on n’est plus bloqués dans le Nord : on se croise sur Paname dans des studios, chez Mouv’, à droite à gauche, les choses bougent.
Est-ce que le fait que Lille se trouve entre deux grosses villes hip-hop, Paris et Bruxelles, est un avantage, ou est-ce qu’au contraire ça « écrase » un peu cette scène ?
Un mec comme Lucci – qui a un studio, fait du son qui est frais et voit du monde passer chez lui – est très important pour le rap du Nord actuellement. Je pense qu’il y a quelques années il n’y avait pas de gars comme ça sur Lille. Si Veerus a pu percer au niveau national, c’est qu’il était connecté avec des mecs de Paris qui avait des manières de faire très efficaces.
Quand on pense « rap lillois », on se dit qu’on va entendre quelque chose qui respire la grisaille, mais en fait plusieurs artistes de cette ville (dont toi) adoptent souvent des sonorités chaudes, comment expliquer cela ?
On voyage, on n’est pas tout le temps sous le ciel gris ! Et puis, à un moment, ne faire que du boom-bap avec du piano et du violon, mais ce n’est pas très ambitieux en termes de musique. Je préfère faire dans la mélancolie qui fait danser.
Pour terminer, est-ce que tu peux nous parler un peu des lives que tu as fait pour défendre ton album avant sa sortie ? As-tu pour projet d’en faire après ?
Avant la sortie de l’album, on a fait des dates : soit des concerts, soit des écoutes de l’album. Pour ces écoutes, on rencontrait les gens dans un lieu, et je venais souvent avec un des beatmakers du projet. Je reste convaincu que le terrain – prendre sa voiture, aller dans une ville pour y organiser une date – est très important. J’aime faire des posts ou des lives Instagram, mais là, c’est quand même autre chose. Ça nous a permis de nous rendre compte qu’on avait du public un peu partout ! Je ne m’en étais pas rendu compte avec le Covid. On est allé faire un concert à Nîmes, et les gens chantaient Cœur propre et mains sales par cœur, j’étais content. J’ai aussi la volonté de faire du live après la sortie de l’album, parce que je kiffe ça. A l’origine, c’est ce que je préférais dans la musique. Avec le temps j’ai appris à bien bosser en studio et à apprécier ça. Aujourd’hui, j’aime autant la scène que la création en studio. J’ai un bon petit niveau en concert car j’en ai fait beaucoup : à une époque, avec mon équipe, on disait qu’on était « champions de France des premières parties » ! [Rires] Donc j’ai déjà des sets élaborés. Si tu viens nous voir en concert, tu verras qu’on essaye de proposer un truc cool !